Salvador Espriu
«Le voyage finit ici. Quand je descends de la barque»
XXXV
Le voyage finit ici. Quand je descends de la barque
je sais déjà, les yeux fermés, que devant moi se trouve,
toujours monté par des chèvres et des pieds
de lavande, de fenouil, d’euphorbe,
qui font bouger à peine les mains fines
du vent léger éveillé au sommet, le Mauvais Temps.
Limites strictes d’un vieux pays :
la suite des cyprès derrière le char solaire
qui s’en va cahotant par de longs ravins secs,
et qui au retour fait de la petite colline
lumière et lointain de l’horizon couchant.
J’ai donné ma vie pour le gain difficile
de quelques rares paroles dépouillées.
J’ai vu ma vie comme un mur
dans le silence du soir qui passe.
Traduït per Mathilde Bensoussan
Salvador Espriu, «Le voyage finit ici. Quand je descends de la barque». A : Seigneur de l’ombre. Anthologie poétique bilingue. Traducció de Mathilde Bensoussan. Introducció de Josep M. Castellet. París : Pierre Jean Oswald, 1974,