Salvador Espriu
«Tout au bord de la mer. J’avais»
XXV
Tout au bord de la mer. J’avais
une maison, mon rêve,
tout au bord de la mer.
Haute proue ! Sur les libres
chemins de l’eau, la svelte
barque que je menais.
Les yeux savaient
tout le repos et l’ordre
d’une petite patrie.
Comme il me faut
te dire la frayeur
de la pluie sur les vitres !
Aujourd’hui la nuit tombe
sombre sur ma maison.
Les rochers noirs
m’attirent au naufrage.
Captif du chant,
mon effort inutile,
comment joindrais-je l’aube ?
Près de la mer j’avais
une maison, un rêve.
Traduït per Jordi Sarsanedas
Salvador Espriu, «Tout au bord de la mer. J’avais». A: Anthologie Lyrique. Traducció de Jordi Sarsanedas. París : Debresse, 1959, p. 18-19.