Gabriel Ferrater
La vie furtive
Ce sera sûrement comme maintenant. Je serai éveillé,
je ferai les cent pas dans le couloir. Comme un mineur
qui sort d’un puits, montera vers moi
dans le silence total de la maison, brusque,
le ronflement de l’ascenseur. Je m’arrêterai pour écouter
le claquement des portes métalliques, et les pas
sur le palier, et je devinerai l’instant
où se mettra à trembler l’angoisse de la sonnette,
Je saurai qui ils sont. Je leur ouvrirai aussitôt. Ayant tout perdu,
qu’ils entrent, ceux à qui je devrai tout dire.
Traduït per Mathilde Bensoussan
Gabriel Ferrater, La vie furtive. París: Demoel, 1970, pp.158.