Les voici : le césar conquérant,
le licteur et son faisceau qui le désigne,
le consul en toge, le soldat bourru, l’esclave nubien.
Tous dorment également –glacés et un peu abîmés–
enfouis dans ce sommeil distant, imprévisible
avec lequel l’aiguille du temps nous traverse.
Et donc, par quel hasard sommes-nous à présent
émerveillés par ce marbre net, dur, cruel,
pourquoi admirons-nous, interdits, muets de respect,
ces puissants et sauvages destructeurs de temples ?
Peu importe qu’ils aient poursuivi le bien ou le mal,
nous le savons : les passions se gèlent dans le marbre.
Leurs têtes impavides, immortelles
dans la pierre ne sont que la patrie naufragée.