Pourquoi te plaindre et agacer
Le très doux infini,
O fontaine qui geins
Peut-être d'une peine de rien?
Rêves-tu de ton temps
D’ignorance universelle;
Aux creux que sans cesse tu laissais,
Aveugle lieu de ta naissance?
Crains-tu l’air glacé
Qui échevèle ta chanson?
Es-tu blessée par les étoiles
Qui se reflètent dans ton ruisseau?
Agitée de désirs,
Raillée par le passant,
Gémis-tu, comme ma vie
Qui dans ses liens soupire?
― Oh! être montagne,
Mer jamais maîtrisée,
Arbre aux ailes enchantées,
Astre loin de tout!
O fontaine qui languis,
O ma sœur, veuille me dire
Si tu te plains d’exister
Ou d’exister à peine.