Salvador Espriu
La peau de taureau
XLVI
Parfois il est nécessaire et forcé
qu’un homme meure pour un peuple,
mais jamais ne doit mourir tout un peuple
pour un homme seul :
rappelle-toi toujours cela, Sépharad.
Fais que soient sûrs les ponts du dialogue
et veille à comprendre et estimer
les raisons et les langues diverses de tes fils.
Que la pluie tombe peu à peu sur les semences
et que l’air passe comme une main étendue
suave et très bienveillance sur les vastes champs.
Que Sépharad vive éternellement
dans l’ordre et dans la paix, dans le travail,
dans la difficile et méritée
liberté.
Traducido por Fanchita González Batlle
Salvador Espriu, La peau de taureau. París: François Maspero, 1969, p. 173.