Le tombeau de Claude Debussy

Joan Brossa
Joan Brossa
 

I

Fond gris. Assis derrière une petite table, un conférencier disserte sur le Japon. Bien que la conférence soit interrompue continuellement par le rideau de scène, qui ne cesse de descendre et remonter, il continue à parler avec naturel, sans y prêter aucune attention. Quinze minutes plus tard le rideau cesse de se relever. Obscurité totale.

II

Sur scène, les lumières s’allument. Rideau noir qui n’arrive pas jusqu’au sol ; sous le rideau, on voit les jambes de trois danseuses immobiles, les unes à côté des autres. Soudain, elles commencent à danser un pas à trois. Lorsqu’elles ont fini, elles restent à nouveau immobiles. Obscurité totale.

III

Sur scène, les lumières s’allument. Fond bleu. Deux strip-teaseuses de côté ; les vêtements de l’une sont blancs ; ceux de l’autre, noirs. Elles les retirent simultanément et, une fois en sous-vêtements, elles les échangent au fur et à mesure qu’elles les retirent, de sorte qu’elles se déshabillent et se rhabillent en changeant de couleur. Lorsqu’elles ont fini, chacune porte les vêtements de l’autre. Obscurité totale.

IV

Les lumières s’allument. Au milieu d’une salle grise, un portail ouvre sur un couloir dans lequel passent de gauche à droite une multitude de personnes de tous les âges, conditions et sexes. Pendant toute la durée de ce tableau, elles ne cessent de passer au fond de la scène. Pause. Par la droite, à l’avant-scène, un ballon en caoutchouc tombe d’une certaine hauteur. Un personnage en pull blanc entre, le ramasse et repart lentement. Pause. Le ballon tombe à nouveau ; derechef, un personnage similaire repart après l’avoir ramassé. Pause. En second plan, une walkyrie armée de pied en cap traverse précipitamment. Pause.

RIDEAU

BROSSA, Joan.«Dix numéros de strip-tease». LunaPark [París], 5 (nouvelle série), (estiu 2009).

Traduït per Marc Audí

Marc Audí