Molt lluny d'aquí

Màrius Torres
Màrius Torres

Je sais une ville lointaine, douce et secrète
où les années heureuses sont brèves comme une nuit ;
où le soleil est gai et le vent un poète
et la brume est fidèle autant que mon esprit.

Orient y déposa un sol sanglant de roses
l’aimante demie lune à l’éternel décours ;
au-delà du silence des persiennes closes
dans la nuit froide un fleuve continue son parcours.

Dans ses antiques ruelles, pleines de ferveur, arrive
je ne sais de quels siècles, une froide rafale d’encens ;
le son gai des clochers y lègue son âme vive
dans un tintement libre comme le cœur des enfants.

Au loin, plus beaux encore qu’un parc de primevères
les humbles champs joyeux s’ouvrent au soir tombant ;
c’est dans leur grand repos que l’âme devient légère
comme dans la grande bleue, au roulis patient.

Rien ne remplit mon cœur d’un aussi grand émoi
que ces chemins de labours que les peupliers resserrent ;
leur souvenir m’accable, tandis que ma mémoire
repose sur mon épaule la main grave de mon père.

Traduït per Amàlia Prat

Amàlia Prat
Amàlia Prat